3, 2, 1… partez !

Comme tous les ans depuis plus de 100 ans maintenant, la 24e semaine de l’année voit le retour de la mythique course automobile sur le circuit Bugatti. Du 7 au 16 juin prochain, la ville du Mans va connaître une semaine riche en évènements, à la fois sur le circuit, mais également en centre-ville.

Au Mans, à l’approche des 24h autos, il y a deux teams, celle qui fuit la ville comme la peste en profitant de cette période pour louer son logement, et l’autre (dont je fais partie) qui se réjouit de cette effervescence ! La ville sarthoise voit sa population doubler, avec des visiteurs venus des quatre coins de la France et de l’étranger.
Pendant plus d’une semaine, les évènements s’enchaînent pour le plus grand bonheur des passionnés et des manceaux qui apprécient voir leur ville devenir le théâtre d’une manifestation qui rassemble toutes les générations et toutes les tranches de la population.

Pour nous raconter les 24h, qui de mieux que le speaker officiel de la course depuis plus de trente ans, dont tout le monde connait la voix ! Bruno Vandestick a bien voulu se prêter au jeu de l’interview, lui qui a plus souvent l’habitude de poser les questions que d’y répondre.

Beaucoup d’émotions

Ayant toujours rêvé de devenir pilote, c’est le développement des radios libres et amateurs dans les années 1980 qui permet à Bruno Vandestick de transformer sa passion. Il se fait remarquer par l’ACO et rejoint leur service communication. 1988 marque l’année de sa première vraie accréditation pour commenter la course, en tant que chroniqueur, avec la mise en onde des commentaires pour la première fois sur la bande FM ! Il participe à l’évolution de la façon de faire vivre la course aux spectateurs, notamment dans les interviews à chaud des pilotes et des team managers. C’est en 1993 qu’il devient le speaker officiel de la course. « Depuis plus de trente ans, le style n’a pas trop changé, mais le matériel s’est modernisé. Il y a désormais des écrans géants et une application sur les smartphones, mais tout cela ne nous a pas éloignés des spectateurs. Nous leur apportons toujours de l’info et nous leur parlons ! »

Quand on lui demande quel est son souvenir le plus marquant de la course, Bruno Vandestick répond immédiatement l’abandon de la Toyota à 5 minutes de l’arrivée en 2016.    « C’était complétement inédit ! Lorsque la voiture ralentit, je comprends qu’il se passe quelque chose, mais il ne faut pas se tromper et se couvrir de honte ! J’essaie de trouver les bons mots en annonçant que l’on est en train de vivre un moment historique. Il faut réussir à capter l’attention des spectateurs et je crois que l’on a su leur faire vivre cet événement cruel pour la Toyota sans dramatiser. On a finalement bien commenté l’action ! »

En fouillant encore dans ses nombreux souvenirs, Bruno Vandestick nous raconte l’un des pires selon lui, qui montre à quel point le sport peut provoquer toutes sortes d’émotions. « Si je devais en choisir un, je dirais le changement de capot de la Courage en 1995, le dimanche matin, qui va la faire perdre pour quelques minutes car ce n’était pas le bon capot ! Il ne s’enclenchait pas. Cette erreur leur a valu la victoire. J’étais triste pour eux, mais heureux pour la McLaren… »

Performance et fête populaire

Les 24h sont depuis leur création l’occasion pour le secteur automobile de tester leurs constructions et performer. En 1923, l’ACO souhaitait créer une compétition pour contribuer à l’évolution du progrès technique et favoriser l’essor de l’automobile. Ils ont eu la bonne idée de faire tourner les machines le temps d’une journée… « Ce qui fait des 24h une course unique, c’est l’audace et le don de visionnaire des créateurs, qui voulaient en faire quelque chose d’utile. Et ce sont eux qui ont eu les premiers cette idée ! Celle d’allier l’enjeu sociétal de toute l’industrie automobile à une fête populaire. La mayonnaise prend tout de suite ! Le discours de la première heure est toujours d’actualité. » En effet, aujourd’hui, avec quatre concerts, une fête foraine, de nombreuses activités, des stands sur plein de thématiques différentes et plusieurs options de restauration, les 24h sont bien plus qu’une course automobile. L’ambiance festive côtoie la performance et l’utilité, puisque les constructeurs viennent toujours au Mans avec de nouveaux prototypes, sans oublier que l’hydrogène et les carburants verts sont de plus en plus présents.

En 2023, la mythique course a donc fêté ses 100 ans et Bruno Vandestick souligne la réussite du centenaire comme un très bon souvenir. Cette année, l’événement se joue une nouvelle fois à guichet fermé, les places ayant toutes été vendues en quelques jours. Parions que 2024 sera encore une belle édition ! •

Quelques chiffres

L’édition 2023 a connu une affluence record de 325 000 spectateurs.

Un Sarthois sur cinq s’est rendu sur le circuit au moins une fois dans la semaine et 50 % du public est sarthois jusqu’au mercredi.

Les visiteurs viennent également de la France entière et toutes les régions sont représentées. Si près de la moitié provient des Pays de la Loire (44,7 %), 15,7 % des spectateurs viennent de la région parisienne.

La fréquentation des spectateurs étrangers est particulièrement à noter. À partir du jeudi, un tiers des visiteurs provient de l’étranger. Pas moins de 66 pays étaient représentés, contre 55 en 2022.

Entre le 30 mai et le 16 juin, la course mythique a généré 544 877 nuitées marchandes et non marchandes dans la Sarthe et les départements alentours, dont 503 252 nuitées en Sarthe. 51 % de ces nuitées proviennent de la clientèle étrangère, soit une augmentation de 56 % par rapport à 2022.

Les 24h du Mans ont donc généré 8 % de la totalité des nuitées touristiques dans la Sarthe en 2023 en seulement deux semaines !

3 questions à ?

Franck Lecrenay

Photographe professionnel et passionné des 24h du Mans

Depuis combien de temps couvrez-vous les 24h du Mans et comment cette aventure a-t-elle démarré ?

Je couvre la course en tant que photographe accrédité depuis 2008, mais je vais sur le circuit comme spectateur depuis que je suis gamin ! J’ai réalisé mes premières photos sur le circuit à l’âge de 15 ans. Je suis passionné par la photo et les 24h depuis mon plus jeune âge. En tant que pro, j’ai longtemps voulu passer de l’autre côté de la barrière, ce que j’ai pu faire grâce à la presse locale qui m’a permis d’obtenir ma première accréditation. Ce sésame permet d’être plus proche des voitures et de pouvoir choisir des spots auxquels le public n’a pas accès !


Comment vous préparez-vous pour ce challenge et quelles sont les difficultés ?

Je ne prends qu’un seul boîtier et 2 ou 3 objectifs. Je fais la chasse au poids car on se déplace beaucoup sur le circuit ! Le plus important est de repérer la lumière et les angles du soleil. Par exemple, au lever du jour, dans la descente du Dunlop, on peut voir les visages des pilotes dans leur voiture ! Mais le plus difficile reste de restituer la vitesse, en choisissant la bonne vitesse d’obturation ou en laissant le fond flou. C’est un sujet techniquement difficile à photographier !


Qu’est-ce qui vous plait autant dans les 24h du Mans ?

Ce sont les lumières variées et les perturbations météo ! Je suis heureux quand il pleut. Cela permet des changements d’atmosphère. En tant que photographe, c’est la lumière que me guide ! Et évidemment j’adore l’ambiance unique de la course. Les voitures, la fête, le public… c’est dur à expliquer. Nous avons une chance incroyable d’avoir cette course près de chez nous !


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